Le bac et les quais de Seine

 

L’histoire du bac, qui fait la notoriété de la ville

Le bac a bien sûr été l’élément qui nous rappelait qu’il existait une différence entre la rive gauche et la rive droite. En effet, les habitants se sont toujours sentis enclavés entre Seine et forêt. Traditionnellement, les communes de la rive gauche pensent être désavantagées, dépendantes de la rive droite et se trouvant donc en patois cauchois de « l’aut’ côté de l’iau ». Les administrations, les marchés, les chefs-lieux de canton se trouvent sur la rive droite. Sur cette même rive, les usines, source d’embauche, ouvrent entre 1910 et 1930. Dès lors, la rive gauche sera plus rurale et la rive droite s’urbanisera. Autrefois, avant l’apparition du bac existait un passage d’eau d’une rive à l’autre. Ce passage se faisait sur des bachots, c’est-à-dire des petites barques en bois manoeuvrées à la rame. Ils étaient principalement utilisés par les pêcheurs et les bateliers. Et ce n’est qu’en 1860 que le bac arriva pour la première fois sur la Seine ! Il était muni d’un tablier de chaque côté pour faciliter l’embarquement. Jusqu’au 19ème siècle, on assiste à très peu d’évolution.

C’est à partir de 1868 qu’une grande évolution fait son apparition : la vapeur. En effet, en 1872, le bac de Duclair est doté d’une machine à vapeur de 30 chevaux qui fait tourner une roue à aubes, parfois bloquée par les épaves et même dangereuse. Mais ce problème fut résolu grâce aux caissons à savon : ce sont des demi-cylindres dans lesquels sont installées les roues. Le bac à vapeur peut alors transporter 50 000 passagers et son équipage est relativement simple. En effet, à bord, il n’y a que le patron, un matelot, un mousse, un mécanicien et un chauffeur. Après cette révolution, arrivent les tourmentes de la guerre. En 1940, le bac de Duclair favorise l’exode des populations du nord de la France et de la Belgique. Le 6 Juin 1944, commence le débarquement allié et les troupes occupantes dépêchées en Basse-Normandie utilisent le bac. En août, les Allemands reculent et franchissent la Seine en sens inverse : plus de 5000 visiteurs passeront entre Berville et Duclair. Le 28 août, un sévère bombardement pousse les hommes à traverser à la nage ou sur des radeaux. Et lorsque se présente l’avant-garde alliée sur la rive gauche, les Allemands s’abordent le bac de la rive droite. En 1970, Duclair se dote du bac n°14 à moteur Diesel. Le bac maritime de Duclair, long de 55,30m, construit au chantier Dubigeon de Petit Quevilly, est propulsé par quatre moteurs, c’est-à-dire 1000 chevaux au total et chaque moteur actionnaient une hélice orientable. Les manœuvres sont précises, ce qui permet de vaincre les courants en période de vives eaux. Il pouvait alors contenir 150 passagers, 15 voitures, 4 semi-remorques et un camion 6 roues. Le bac actuel, le n°21, est arrivé en 1999. Il possède des mensurations de rêve : il est long de 56m avec une largeur de 19,50m, et une portée de 210 tonnes. Il peut alors transporter sur 5 files : 42 voitures, à une vitesse de 10 noeuds, c’est-à-dire environ 18km/h. Il est présenté comme le fleuron des bacs du département. Sa nouveauté, c’est son mode de propulsion électrique à pales. Il se distingue des autres bacs car il est classé « bac maritime », et donc est piloté par des inscrits maritimes.

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L’accès au bac

Jusqu’au début du 19ème siècle, les cales étaient de simples descentes.

Parfois, elles étaient revêtues de pavés disjoints afin d’éviter les dérapages. Sinon, sans cela, on marchait dans la boue. Lors de la mécanisation du bac, les Ponts et Chaussées aménagèrent les cales et les réalisent perpendiculaire au fleuve. A cause du courant, il devient nécessaire d’ériger des ducs d’Albe. C’est-à-dire installer des piliers de bois ou de métal contre lesquels un bâtiment peut accoster.

De nombreux accidents ont prouvés que l’embarquement et le débarquement ont longtemps été délicats. Et cela à cause de la pente et de la contre-pente formée par le tablier du bac. Et c’est l’allongement du tablier qui résoudra ce problème. Monter à bord, on l’a compris, était un inconvénient. Mais l’attente n’en n’était-elle pas un non plus ? Au temps de la propulsion manuelle, le passeur n’était pas forcément sur la bonne rive, alors on l’appelait avec les moyens du bord : cloche, drapeau, parfois même en hurlant. On vit naître des cafés appelés « Café du Bac » ou bien « Café du Passage ». Et c’est avec le bac à moteur diesel qu’on va connaître le temps des traversées et des horaires d’embarquement. Il n’y avait pas de service de nuit. Celui qui manquait le dernier bac devait emprunter le pont de brotonne ou aller jusqu’à Rouen !

Les quais de Seine

En 1732, les quais sont accessibles aux attelages et les navires peuvent s’amarrer malgré le modeste agencement des « Quais des trois piliers ». En 1842, ils servent en même temps de halage, de marché et de route. Les Duclairois se plaignent de l’encombrement et de la fréquence des accidents : ils demandent le transfert du chemin de halage sur la rive gauche. En 1875, les quais font 375 mètres et ne sont accostables qu’à marrée haute. En 1930, un hymne publié par M. Rousigou dans la revue « Duclair de Lune » suggère un surnom : « le Quai des fleurs », et cite : « Le quai de Duclair, vrai, c’est comme un bouquet de roses, sa suave odeur a fait chavirer bien.

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